Histoire de
Saint-Martin

Martin, né en Hongrie, légionnaire romain devenu évêque de Tours en 371 meurt à Candes. Sur la base de sa biographie rédigée par son disciple, Sulpice-Sévère, son culte se développe rapidement, notamment autour de l’épisode de la Charité, lorsque, jeune légionnaire, il donna la doublure de son manteau à un déshérité devant la ville d’Amiens.

L’évêque Brice fait construire un édifice en bois pour abriter le tombeau de Saint Martin et sa principale relique : le reste du manteau qu’il avait partagé avec un pauvre. En référence à cette « chape », cet édifice est alors désigné par le nouveau terme de « chapelle ».

La modeste chapelle est remplacée par une basilique, à la demande de l’évêque Perpetuus.

Les Clercs de Saint-Martin adoptent le statut de chanoine. La basilique devient alors une collégiale.

Suite au concile d’Aix la Chapelle, la règle bénédictine s’impose à toutes les communautés monastiques. Les clercs doivent choisir entre le statut de moines et de chanoines.

Une nouvelle collégiale Saint-Martin est reconstruite après une série de pillages et d’incendies.

L’édifice subit de nombreuses modifications : voûtement d’ogives de la nef et du transept, reconstruction des tribunes et de la tour de l’horloge, reprises des parties basses des bas-côtés, remaniement de la façade ouest.

Jean de Okeghem est né à Saint-Ghislain, près de Mons, dans le comté de Hainaut (comté du Saint-Empire romain germanique, situé en bordure du royaume de France).

Recrutement de Jean de Okeghem à la chapelle royale de France, reconstituée après trente ans d’inactivité. Les premières traces de son activité le situent à Anvers en 1443 puis à la cour du duc Charles I^er de Bourbon en 1446-1448.

Des archives indiquent qu’une vingtaine de chantres placés sous la direction d’Okeghem semblent avoir régulièrement résidé à Tours. Une source¹ précise que ces chantres chantent habituellement à la chapelle du château de Tours.

Cérémonie de translation des reliques de Saint Martin. Un récit de cet événement (conservé à la bibliothèque municipale de Tours) contient la première mention d’Okeghem comme chanoine de la collégiale Saint-Martin, en plus de son titre de premier chapelain de la chapelle royale.

Les compositeurs Du Fay, Okeghem et Busnoys composent chacun une messe polyphonique sur un même cantus firmus (mélodie de base) : la mélodie de L’homme armé. Ils inaugurent ainsi une tradition qui inspirera un très grand nombre de compositeurs de la Renaissance.

Okeghem est désigné par le terme de « messire » (dominus). Ce titre fait référence à son nouveau statut féodal de baron, obtenu suite à sa nomination par le roi à la dignité de trésorier de Saint-Martin. Il succède à Louis de Chaumont et s’installe dans l’hôtel de la trésorerie.

Le chanoine et grand Chantre Jean Majoris fait don à l’église d’un cycle de tapisseries représentant la vie de saint Martin et obtient l’autorisation de les faire tendre dans le chœur de la collégiale¹.
La seule description disponible de ces tentures (aujourd’hui perdues) date de la fin du XVIII^e siècle :

« On y voyait le saint imposer la main sur la bouche d’un possédé pour l’exorciser ; mais le diable ne trouvant plus d’issue, de ce côté qu’il n’osait aborder, l’ouvrier avait sans doute trouvé plaisant de le faire sortir par l’extrémité opposée. Sur une autre, saint Martin tombait du haut d’un escalier où le diable avait parsemé des pois et l’on voyait ce dernier en bas de l’escalier se tenir les côtes à force de rire. »

Ces tapisseries restent en place dans le chœur jusqu’en 1790.

Le Requiem d’Okeghem (première mise en musique connue de la messe des défunts) est associé à diverses cérémonies funèbres, à commencer par celle de Charles VII.

Pour célébrer une victoire militaire à Perpignan, le roi Louis XI ordonne l’édification d’une nouvelle chapelle dédiée à Saint Martin dans la collégiale.

Jean de Okeghem obtient un canonicat (fonction de chanoine) à Notre-Dame de Paris. Il y renonce en 1470.

Okeghem accompagne Louis XI et sa cour à Lille pour une rencontre officielle avec Philippe le Bon, et se rend à Cambrai en marge de ce voyage. C’est peut-être lors de ce voyage qu’il est ordonné prêtre, puisque la documentation ecclésiastique le qualifie de « prêtre du diocèse de Cambrai ».

Visite solennelle du roi Louis XI à la collégiale Saint-Martin. Le roi Louis XI multiplie les donations pieuses à la collégiale pendant ses années de résidence à Tours. Il offre notamment une grille en argent massif pour entourer les reliques exposées derrière l’autel.

Deux quittances de donations du roi en 1480 sont signées de la main de Okeghem et permettent de connaître sa signature et la graphie de son nom (J. de Okeghem — sans « c »).

Le roi Louis XI décède à Tours. Le 2 septembre, le chapitre Saint-Martin au complet va chercher le corps du souverain au château de Plessis-Lès-Tours. Les 8 et 9 septembre suivants, on dit en l’église Saint-Martin les vêpres des morts et une messe solennelle.

Réception solennelle du jeune roi Charles VIII en la collégiale Saint-Martin.

Le De inventione de Jean Tinctoris, rédigé vers 1485, offre la seule information concernant la tessiture vocale d’Okeghem. Il est mentionné en tant que contre-ténoriste bas. Érasme, dans son épitaphe d’Okeghem, déplore la disparition de cette « voix d’or ».

Jean de Okeghem fait établir son testament, par lequel il lègue ses biens à la collégiale Saint-Martin de Tours.

Jean de Okeghem décède, âgé d’environ 75 ans.
Conflit judiciaire autour de sa succession et de la possession de sa charge de trésorier.

Peu après sa mort, le chapitre célèbre une messe de Saint Martin à la mémoire d’Okeghem.
Fait sans précédent, la disparition du compositeur est commémorée par quatre déplorations poétiques : une de Guillaume Cretin, deux de Jean Molinet et une d’Érasme.

Installation du tombeau des dauphins de France (enfants de Charles VIII et Anne de Bretagne) dans le chœur de la collégiale Saint-Martin.

Construction d’une nouvelle galerie dans le cloître de la collégiale Saint-Martin.

L’édifice est pillé par les protestants pendant les guerres de religion.

Durant la révolution, l’église est transformée en écurie, laissée à l’abandon, elle menace de s’effondrer. Faute d’entretien, les voûtes s’effondrent en novembre 1797.

Tous les vestiges de la collégiale sont rasés, pour tracer la rue des Halles, à l’exception des tours Charlemagne et de l’Horloge.